Les vices de nos outils modernes

Ce soir, derrière ce titre cryptique, je voudrais parler de quelque chose à la fois anodin et bien symptomatique de notre civilisation. Nous avons réussi à faire de nombreux outils avancés pour nous simplifier la vie quotidienne, pour nous soustraire à des tâches ingrates et pourtant, ces outils ont des faiblesses connues que personne ne semble disposé à résoudre.

Vous ne comprenez rien à ce que je raconte ? Je vais prendre deux exemples très simples : * Pour faire le ménage et chasser la poussière, rien ne vaut un bon coup d’aspirateur. Maintenant, souvenez-vous de ce qui a pu vous pousser à en changer la dernière fois que vous en avez racheté un, ou la pièce de votre aspirateur actuel qui sera vraisemblablement la première à lâcher. Pour ma part, et déjà par deux fois, c’est la crosse qui fait le jonction entre le flexible et le tube. Le constat est simple : cette pièce est en plastique moulé et doit être sollicitéé sans arrêt en torsion entre la poignée et le tube. Le plastique vieillit, se fissure et finit par céder (bien avant que le reste de l’appareil ne devienne utilisable). Conscient du problème, j’ai cherché des pièces de rechanges, mais elles ne sont pas commercialisées, et les modèles, quelque soit la gamme, exhibent tous une crosse en plastique… * Autre exemple tiré de la micro. Les PCs portables, même s’ils mettent l’accent sur l’autonomie, doivent être finalement connectés au secteur. Et pour les alimenter, on a recours à un bloc d’alimentation externe. Ce bloc est affublé de câbles pour la prise secteur et pour le connecteur du PC. Or, le câble de ce dernier qui de fait est souvent soumis à des contraintes de pliage est paradoxalement peu résistant aux torsions successives des rangements. Assez tôt, sur de nombreux modèles, ce câble, de type coaxial, fini par avoir le conducteur externe qui s’effiloche dans sa gaine et arrête de conduire, particulièrement au bout du manchon des connecteurs. Bien sûr, cette partie du bloc est moulée d’un seul tenant ce qui la rend non remplaçable. Là encore, avant même que l’appareil ne soit rendu obsolète, c’est la panne d’un équipement secondaire qui le rend inutilisable. La solution serait pourtant simple , par exemple avec un câble composé de deux fils. Mais il est impossible de trouver sur le marché un PC portable sans le modèle de câble coaxial. A croire que la longévité du PC est programmée par le fabricant par la fragilité de son câble d’alimentation.

Je suis certain qu’il y a des centaines d’autres éxemples d’outil technologiquement avancés (ce ne sont plus des simples marteaux) qu’on pourrait croire aboutis mais qui exhibent une faiblesse criante. Je n’irais pas jusqu‘à affirmer que c’est fait à dessein mais je me demande encore si quelque fois les spécifications de ces produits ne sont pas un peu limites.

GodSlayer Thursday 09 November 2006 at 9:46 pm | | default

One comment

Pascal B.

Ca marche aussi avec les outils supposés simples. Pour couper le petit bois, j’avais une hache, tout ce qu’il y a de plus normal. Mais de temps en temps, elle se démanchait. Pour remettre cela en ordre, différentes techniques ont été mises au point au cours des millénaires précédents. Et, ma foi, sans être initié à toutes les subtilités mais en y passant un peu de temps, j’arrivais tant bien que mal à réajuster le manche. Cette petite opération d’entretien était seulement nécessaire entre une et deux fois par an. J’aurais pu en rester là. Mais, consommateur pressé et tenté, j’ai vu un jour une jolie hache multicolore en matériaux synthétiques (le manche, je veux dire), et comme la mienne nécessitait cette fois non seulement un exercice pour resolidariser ses deux parties mais aussi un bon affutage, j’ai craqué pour la hache neuve. Le manche en plastique ergonomique semblait inaltérable et le fer était parfaitement scellé avec une résine orange du plus bel effet. J‘était probablement venu pour acheter une ampoule électrique et une prise multiple, mais ces paradis du bricoleur du dimanche regorgent de tant de richesses… Hélas, tel le bon sauvage ravi d‘échanger son or contre du verre pilé, j’ai validé mon code sur ma carte bleue à débit différé, et je suis retourné à la maison. J’ai remisé la vieille hache je ne sais où et j’ai planté la nouvelle sur le billot, très fier de moi. Effectivement, ça coupe mieux (et pour cause, elle est affutée). Mais après quelques mois et saisons, en l’espèce un bout de printemps, un été et un automne bien entamé, j’ai senti comme une sorte de jeu dans le fer. Mais avec la résine, on ne pouvait pas vraiment voir si le manche avait bougé. Et de toutes façon, ça ne coulisse pas comme sur un manche en bois. En essayant de remettre le fer en place avec la méthode classique, c’est à dire en tapant avec la hache du côté du manche, cette saleté de résine a fini par lâcher brusquement et évidemment, je me suis fait mal en recevant le fer sur la main. Ce week-end, il faudra que j’affute la vieille hache, et que je trouve un vrai manche en bois pour l’autre. Comme ça, j’en aurai deux. Mais je me suis bien fait avoir. On va pas passer le réveillon là-dessus, mais on pourrait parler aussi des outils en métal mou qui sont vendus au rabais dans les grandes surfaces : sécateurs tordus en quinze minutes, clefs plates qui ne résistent pas dix secondes à un écrou bien serré, et le meilleur pour la fin, les clefs de vidanges à usage qui s’avère unique, mais dont la dureté est juste suffisante pour détériorer irrémédiablement le bouchon de votre carter d’huile.

Pascal B., (URL) - 23-11-’06 23:59
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