Davos, les paradigmes de la physique, des cours de gestion

J’ai entendu à la radio ce matin que l’ambiance à Davos était à l’atterrement. Les grands financiers de la planète s‘étonnent que le monde ne suive pas les modèles avec lesquels ils croyaient le diriger…

Il y a un siècle, les physiciens croyaient dur comme fer que la mécanique newtonnienne assaisonnée de calcul différentiel permettait enfin de décrire et de prédire la totalité de l’univers. Mais l’univers est rebelle et de nombreuses expériences ne concordaient pas avec la théorie. Il s’est avéré que la mécanique newtonnienne ne commandait rien à l’univers, et certains physiciens ont eu la franchise scientifique de remettre à plat leur modèles plutôt que de rejeter la faute sur l’univers (qui ne leur avait rien demandé par ailleurs).

Un siècle plus tard, on enseigne aux futurs scientifiques à rester humble devant les faits. Mais, alors que la finance et la gestion se sont parées de structurations mathématiques, il semble que la leçon de philosophie associée ne soit pas passée. Cette pensée me revient surtout à l‘évocation des cours de gestion que j’ai suivis au CNAM en 1998. Le professeur à cette époque avait introduit son module par la présentation de la forte empreinte scientifique des méthodes de gestion actuelles et du fait que ces méthodes reposaient sur des modèles de répartition et de comportements des acteurs du monde économique. Cette entrée en matière m’avait fait froid dans le dos à l‘époque, car il ne semblait planer aucun doute sur la vérité (je ne mets pas une majuscule, mais c‘était bien le sentiment qui en ressortait) de ces modèles et sur l’applicabilité de fait des méthodes qui en découlent.

Même dans les sphères les plus hautes de l‘économie, la croyance dans le dieu chiffre sorti d’un calcul est tel que l’ancien président de la FED déclarait en octobre dernier (la traduction est mienne) :

bq. Dans les dernières décennies, un vaste système de gestion du risque et gestion des coûts a évolué, combinant les meilleures idées des mathématiciens et des experts en finance aidées par des grandes avancées dans les technologies des ordinateurs et de la communication.

Pas de doute, cet homme croit vraiment que le monde obéit au modèle et qu’il suffit d’avoir la puissance de calcul nécessaire pour le faire tourner… La faute vient de ce monde que ne veut décidément pas s’y plier. Cette fois-ci l’atterrement est de mon côté….

GodSlayer Saturday 31 January 2009 at 7:12 pm | | default

One comment

doomyflo

Je comprends mieux pourquoi les theoriciens du Chaos ont été raillés par les financiers ( une lecture recommandée : La theorie du chaos de James Gleick! pas encore fini mais le peu que j’ai lu fait froid dans le dos…).

doomyflo, (Email ) (URL) - 01-02-’09 10:44
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