Notes sur la lecture de "la stratégie du choc"

La première chose à dire de ce livre est qu’il faut être bien accroché pour le lire… C’est une enquête journalistique sur des pratiques révoltantes, alors forcément, ce n’est pas digeste à de nombreux points de vue, à tel point qu’il m’a fallu une pause dans la lecture de ce petit pavé.

La seconde est que c’est une lecture complètement à l’opposé de celle qu’on peut lire ou voir habituellement (à part si on est fan de Mickael Moore ou des YesMen). Forcément, on est plus intéressé, mais aussi plus circonspect sur l’argumentation. De ce point de vue, Naomi Klein a fait un travail remarquable et même si on peut ne pas être d’accord avec elle, la vision qu’elle propose est tout à fait cohérente et rejoint des bribes de pensées qui m’ont déjà effleuré. Voici donc, pêle-mêle, les notes issues des réfléxions apparues lors de la lecture de ce livre.

  • p.171 et la crise de Malouines : si les français sont des veaux, les anglais ne sont pas mal non plus. * Notes sur les statistiques : on parle beaucoup de moyenne. L‘évaluation de la richesse moyenne dans un pays est une hérésie, on en a assez d‘éxemple avec les pays pauvres exportateurs de pétrole. Seule une évaluation au second ordre (vitesse, d‘écart-type) permet une évaluation juste d’une statistique. * Il ressort une volonté financière de gérer le monde. Il y a donc l’argent et le pouvoir qui vont ensemble. Le marché n’est qu’un moyen d’avoir de l’argent, les sociétés propriétaires des entreprises ne sont que les moyens du marché, et le fait de concevoir et produire des produits n’est que le moyen des sociétés. Au bout de la chaîne, les salariés ne sont que les moyens de ses activités ; autant dire que leurs aspirations sont complètement hermétiques à la sphère financière. * En vertu de la cascade de relations ci-dessus, il est illusoire d’attendre des sociétés anonymes d’agir pour le bien commun (la logique de rentabilité s’y oppose directement). C’est de ce fait une hérésie de leur demander d’agir pour le bien commun ou d‘être “citoyennes”. Une pensée radicalement anti-miltonnienne. * Ces vingt dernières années ont été marquées par des vagues de privatisations des secteurs publiques à travers le monde. La croissance mondiale (privée) enregistrée pendant cette période ne se serait -elle pas nourrie de cette augmentation du capital visible ? * Des Etats ayant fortement privatisé les services généraux et faisant appel au marché renforcent encore le capitalisme sauvage car le moindre mouvement pour une action sociale provoque une retour négatif par la bourse et le budget de l’Etat. * A ce propos, c’est à se demander si le grand emprunt français, synonyme d’endettement ne serait pas le lancement d’une crise qui activerait la stratégie du choc en France ? * p.270 à propos des pleins pouvoir à Eltsine, Jefferson a dit “Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre.”. Ça s’est avéré vrai une fois de plus, et ça ne me fait pas me sentir fier… * p.273. Le gouvernement russe a parié sur la lassitude des gens… * P.452 Pour la guerre en Irak, le gouvernement a payé rubis sur l’ongle à des société privées avec un contrat stipulant en gros : “ faites ce qu’il faut pour un prix coûtant + un pourcentage”. D’où l’apparition de clubs de sport et de cinémas dans les casernes. Je ne connaissais pas ce type contrat… Et si la reconstruction de l’Irak a été trop coûteuse, l’argent du pétrole Irakien a été dépensé dans les caisses de groupes américains ! * p.477 Le Tsunami provoque un besoin de reconstruction avec l’appel à des banquiers qui mettent leurs conditions. Le déséquilibre de pouvoir reste valable tant que l’argent ne perd pas de sa valeur par rapport au travail. Et on nous rabâche comme un ritournelle que l’inflation est une catastrophe… En quoi et pour qui ?

Moralité : si tu peux te passer d’un financier pour monter ton activité, ne fais pas la bêtise de lui parler… Ce qui rejoint la success story de Google ;-)

GodSlayer Saturday 03 October 2009 at 2:00 pm | | default

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