Quand Monsanto a commencé à créer des OGM en pleine nature

La lecture de la section bio de Slate.fr est très instructive. Cet article décrit les mésaventures de Monsanto lors de la commercialisation du Round-up. C'est une traduction de l'article d'origine plus riche en information.

Cette histoire, c'est celle d'une idée qui devait rapporter pendant des décennies à la firme en lui permettant de vendre un herbicide et des semailles résistantes, bref un duo gagnant. Sauf que cela a tourné court.

http://www.slate.fr/lien/51517/monsanto-herbicide-roundup-ready-mauvaises-agriculture

Comme le souligne l'auteur, l'orgueil des chercheurs de Monsanto a été une variable importante de cet échec. Vous imaginez bien : le round-up avait été déjà créé, restait la tâche pas facile de créer des plantes qui y resisteraient. Et cette tâche était si grosse qu'elle fut même surnommée en interne un "Manhattan Project". Alors, si les ingénieurs généticiens en avaient bavé autant, autant dire qu'il serait possible d'en profiter pendant longtemps.

Sauf, sauf que ces mêmes ingénieurs auraient du revoir leur cours de bac, et les enseignements de ce bon vieux Darwin. Car alors même que le round-up était utilisé pour la première fois, c'est le processus de sélection (pas si) naturelle qui se mettait en route pour sélectionner peu à peu parmi les mauvaises herbes celles ayant une résistance à ce poison. La mauvaise herbe ayant des cycles de vie de une à plusieurs germinations par an, il n'a pas fallu plus de vingt ans et quelques dizaines de générations pour voir apparaître des plantes que le glyphosate (l'agent dans le roundup) ne génerait pas.

"Apparaître", enfin, n'oublions pas que ces plantes sont le résultat de l'introduction d'un nouvel élément dans le système naturel. A ce compte, Monsanto a bel et bien manipulé la nature, certes indirectement, pour créer cette mauvaise herbe au génome modifié pour résister à son désherbant. Pour citer le mathématicien de cinéma Ian Malcolm parlant de la théorie du chaos : "la nature trouve toujours son chemin".

La nature a d'ailleurs fait preuve de beaucoup plus de créativité que l'homme dans sa manière de gérer le problème avec des plantes développant des défenses de différents types : étanchéité, isolation, entre autre. Et ceci, dans à peine le double temps mis par les scientifiques pour parvenir à la même fin. Il faut cependant noter que le désherbant a tout de même surement produit un certain appauvrissement génétique par la pression qu'il a exercé, certains gène ne pouvant surement plus s'exprimer à présent que les gènes de résistance ont besoin d'être actifs.

Cela me rappelle un reportage sur Tchernobyl vingt ans après la catastrophe. Des biologistes indiquaient que la nature foisonnait malgré les forts taux d'irradiation. Elle s'était adaptée en bien des points : diminution de la durée pour arriver à maturité sexuelle, modifications physiologiques diverses. Le foisonnement n'était bien sur pas dû à la radioactivité mais ,comme le faisait remarquer malicieusement un scientifique, à la levée de la pression humaine du fait du dépeuplement humain dans la zone d'exclusion. La vie réagit et s'adapte au biotope.

Le manque d'analyse systémique chez Monsanto a entraîné des effets non escomptés. Ce qui amène à une seconde question plus pernicieuse : si l'introduction du désherbant, aux propriétés connues à provoqué des modifications non anticipées dans la nature, qu'à bien pu provoquer l'introduction des céréales "round-up ready" ?

GodSlayer Friday 16 March 2012 at 1:09 pm | | default

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