Dernière lecture: The Big Short

Après avoir regardé plusieurs fois, et même imposé le film à ma famille, c'est avec une certaine crainte que je me suis attaqué au livre éponyme dont l'œuvre cinématographique est tirée. La retranscription à l'image est assez fidèle au livre avec quelques mises en scène truculentes particulièrement réussies. Car, oui, c'est un livre historique sur la finance, et plus spécialement sur la grande crise de 2008, et le risque est toujours grand de verser dans le document technique difficile à lire.

Le film et le livre

Le film s'en sort très bien pour ne pas tomber dans le documentaire, avec par exemple des explications délivrées par un mannequin dans un bain de mousse (ça retient l'attention) ou de nombreux effacements du quatrième mur.

Le roman est de fait plus technique et rentre dans le dur des chiffres, mais toujours avec une approche très subjective des évènements, ce qui rend la pilule plus facile à  avaler. Mais on y gagne aussi une meilleure compréhension des différents produits financiers en jeu dans ce drame, ainsi qu'un explication plus en profondeur des subprimes et surtout de leur évolution entre le début des années 2000 et la crise. L'avalanche des chiffres (en dollars) donne parfois le tournis et les détails (sur les agences de notation par exemple) viennent combler quelques questions restées en suspens dans le film.

Je conseille de voir le film et, si cela vous intéresse un peu plus, de vous plonger dans le livre.

The Big Short, Milgram et la fabrique du consentement

La lecture du Big Short m'a amené à la réflexion sur l'éducation comme moyen de faire accepter certains précepts comme valeur commune. La description relatée de la crise des subprimes montre aussi ce petit côté aveuglement volontaire de toute une classe économique favorisée par un système de communication en vase clos (agences de notation, chaînes de télévision) dont le prisme filtre et déforme presque inconsciemment les informations extérieures à ce microcosme. Comme le dit un des protagonistes, il est presque certain que la majorité de financiers qui ont concouru à cette crise l'ont fait en toute bonne foi (et en touchant un bon pactole, ce qui aide).

La sphère financière a eu aussi la puissance d'imposer à la partie la moins éduquée de la population américaine une certaine idée de la possibilité de vivre à crédit. Après tout, si une personne avec un costume à 3000 dollars vous dit que ce qu'il vous propose vous amènera sur le chemin de la réussite, comment ne pas le croire ? 

Un Big Short sur l'écologie ?

Cette histoire a aussi provoqué une rêverie éveillée. Les protagonistes de l'histoire ont utilisé le système pour parier contre lui. Et si on essayait d'appliquer cette stratégie pour l'écologie ? Comment parier contre le système pour parvenir à réaliser une transition écologique ? Peut-on faire un big short en faveur de l'environnement ?

La transposition d'un big short sur l'environnement consisterait à créer un contrat qui semble imperdable et incassalbe pour les climatosceptiques de toute nature, mais qui s'avère en fin de compte perdu d'avance. Idée à méditer, avec un bémol cependant : le short ne fonctionne que si la crise a effectivement lieu, ce qui est loin d'être désirable.

GodSlayer Sunday 25 August 2019 at 11:38 pm | | Lectures

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